Sandrine Rousseau, révélatrice de vide philosophique !

Toute pensée est-elle bonne à dire ?

Apparemment, oui.

Lorsque l’on écoute Sandrine Rousseau s’exprimer, l’on se dit que pour certains êtres humains, toute idée agitant nos neurones mérite d’être exprimée.

Sans filtre.

Ça m’agace.

Mais ne vous méprenez pas : ceci n’est pas une diatribe contre Sandrine Rousseau qui a bien le droit d’exprimer ce qu’elle souhaite, comme elle le souhaite, tout autant qu’elle en assume les conséquences sans se victimiser a posteriori.

Je dis cela car, vouloir ramener la moitié de l’humanité à de simples grilleurs de bidoche alors que dans le même temps l’on essaie de sortir l’autre moitié de l’humanité de l’image de la bonne épouse servile, et de s’offusquer des réactions provoquées, pourrait paraître assez puérile.

Alors, s’il est question de maturité et d’élévation du débat, il est important que je ne tombe pas dans le piège moi-même.

Je pourrais railler comme tant d’autres le font les propos ou commentaires de cette homonyme philosophique, mais il n’est pas possible de se focaliser sur le cas Rousseau puisque sa manière de communiquer n’est finalement que le reflet de ce que nous sommes devenus, à différents degrés je vous l’accorde.

Tels des grands princes et princesses d’internet, armés que nous sommes de nos smartphones, nous nous permettons de juger, de classer, de condamner, d’éliminer, d’encenser ou de glorifier selon que notre météo émotionnelle sera au beau fixe ou bien dans les tourmentes d’un ouragan.

Sommes-nous obligés de réagir dans l’instant ?

En fait, j’ai réalisé que si nous nous sentons agacés par tel ou tel propos de Madame Rousseau, c’est parce que, au-delà de l’aspect stratosphérique de certaines de ses positions, elle nous sert avant tout de prétexte. Nous pouvons la pointer du doigt en la vilipendant pour sa (je cite hein, car je ne me permettrais pas…) « bêtise » ou sa « connerie« , en se disant « Mon Dieu, comment peut-on dire cela ? C’est elle la méchante !« .

Hé oui, comment se fait-il qu’elle puisse sans rougir placer le débat au niveau du cliché, alors que nous-mêmes… hé bien, nous faisons parfois de même, mais sans le dire ?

Miroir, miroir, dis-moi…

Un miroir déformant, certes, mais tous ceux qui ne peuvent réprimer leurs salves assassines à l’encontre de Madame Rousseau, en agissant ainsi, ne parlent pas que de Madame Rousseau, mais aussi d’eux-mêmes.

J’ai moi-même raillé certains des propos de Miss Rousseau, certains de mes tweets sont encore là pour le prouver. Cela m’a fait plus de bien que cela ne lui a causé du tort.

On y va, lâchons les fauves ! Place à la réaction émotionnelle.

Mais au final, tout cela n’est que du bla bla.

Je dis cela car, les sujets prioritaires reprennent toujours le dessus : la posture civico-politique d’un marabout dans l’affaire Pogba ou le choix des Snickers du Président de la République dans le cadre de son déplacement Londonien.

Voilà de vrais sujets. De vrais combats.

Sérieusement, en quoi les propos d’une personnalité telle que Madame Rousseau seraient-ils plus affligeants que toutes les logorrhées verbales insipides et creuses entendues en boucle sur les chaînes infos, pour nous présenter les obsèques de Liz II, de 05h00 du matin jusqu’au bout de la nuit, même lorsqu’il n’y avait rien à dire ni à montrer ?

Des heures de néant intellectuel pour remplir le vide.

Je contribue peut-être aussi au remplissage de ce vide.

D’ailleurs, en écrivant ces quelques lignes ne fais-je pas ma Rousseau ?

J’ai pris le temps d’y réfléchir. Je me suis posé la question de savoir ce que j’avais à dire, sans m’appuyer sur ma mitrailleuse à émotion, celle-là même qui me permet de divertir lorsque je suis sur scène.

De quoi est-ce que je parle ?

Du besoin d’exister.

Si Sandrine Rousseau avait écrit : « Il est important de réfléchir à la condition féminine de manière humaniste et ne pas polariser les esprits dans une société qui l’est déjà bien assez ainsi. », Sandrine Rousseau n’existerait pas.

3 Likes, 1 Retweet et hop, direct aux oubliettes numériques.

Mais pour porter un combat politique, il faut pousser les curseurs.

Parler fort et dans l’excès pour être entendu.

Pour exister.

Si j’écris ces lignes, c’est bien pour être lu, non ? Pour être perçu.

Donc pour exister, car exister, c’est être perçu.

Ah voilà, c’est pour cela que j’ai mis quelques mots-clés bien choisis pour attirer un peu d’audience. Mmh, mmh. Quel malin je fais !

C’est pour cela que Sandrine Rousseau m’agace : c’est parce qu’elle arrive à attirer l’attention et pas moi.

« Ouh, ouh, je suis là ? Il y a quelqu’un ? Vous m’entendez ? Moi aussi je veux parler ! J’ai des idées, hein. Et je suis drôle aussi. C’est ma famille qui le dit. »

Sandrine Rousseau dit ce qu’elle à dire et sort du lot en s’ancrant dans un discours qui créé une place pour le débat, en provoquant des réactions, tout en nous mettant le nez dans l’océan de notre propre jalousie, voire vacuité.

On s’en offusque comme si cela était nouveau mais la mauvaise foi et l’art du spectacle de Georges Marchais dans les années 70 et 80 faisaient tout autant réagir. On en rit maintenant.

Sûrement parce que c’était un homme.

Vu que la société évolue, si ça se trouve, on rira des sorties de Sandrine Rousseau dans quelques années ? Angoisse d’humoriste : si ça se trouve, elle est plus drôle que moi !

Je me dis que si nous nous sentons offusqués par tel ou tel discours exagéré, nous avons toujours la possibilité de faire pareil, mais plutôt que d’être en réaction, nous pourrions être porteur de propositions.

Plutôt que de laisser les autres brailler à grands coups de déclarations débiles et sidérantes, nous pourrions tenter de porter notre propre discours.

Mais quel est ce discours que nous voudrions porter ?

Je ne sais pas.

Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire.

Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à… Nous tous.

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