L’authenticité, cette arnaque moderne !

J’ai choisi cette image parce qu’elle me plaît.

J’aime juste son esthétique globale.

J’y trouve quelque chose de familier.

Et ceux qui, en lisant ce billet, penseront, dans leur bon droit, que je manque de goût, ne changeront rien au fait que j’aime cette photo.

Je ne sais même pas si elle est vraiment pertinente avec le propos de ce billet.

Pourtant, elle m’attire.

Va savoir pourquoi. Car soyons honnêtes : cette photo n’a rien de révolutionnaire.

Et elle n’est en rien révolutionnaire.

Les flammes ne sont pas vraies, le modèle porte sur lui tous les symboles vestimentaires de la société qu’il est censé combattre : la montre, les baskets avec une marque bien identifiée, le blouson qui doit couter une blinde, le masque façon « ‘V pour Vendetta » ou « Anonymous » qui est devenu un cliché de la pop-culture.

Ah voilà, c’est ça le mot que je cherchais : un cliché !

Ce cliché est un cliché.

Vous voyez, plus j’écris, plus je me dis qu’effectivement cette photo porte en elle l’hypocrisie de notre époque, cette même hypocrisie que ce personnage est censé dénoncer mais dans laquelle il s’inscrit totalement tout à la fois.

C’est pour cela que dans le fond, cette photo m’agace : à cause de son fond.

Attiré et Agacé.

Me voilà donc tiraillé entre une apparence attractive au premier abord et un propos inepte à mes yeux une fois que la passion de la découverte s’est éteint.

A l’image de notre société : l’apparence et le concept qui flashent au dehors, pour masquer la banalité au dedans.

D’ailleurs, j’ai remarqué que l’on est souvent déçu lorsque l’on découvre qui se cache derrière le masque, pas vous ?

Autant le masque projette un fantasme de cape et d’épée, d’aventure et d’insoumission, autant quand Kévin, Community Manager, 22 ans, 45 kg, 1m90, calvitie avancée, fan de La Casa de Papel, enlève son masque d’Anonymous, l’on se dit : « Mouais, tu veux pas le remettre, non ?! »

Personnellement, je n’aime pas porter de masque.

Alors, je pourrais dire que j’écris ce billet avec un réel désintérêt parce que je veux juste partager une vision ou un ressenti, de manière authentique.

Bien sûr. Mais ce n’est pas si sûr.

Si j’écris, c’est avant tout pour être lu.

Donc pour être perçu.

Donc pour exister, puisque exister c’est être perçu !

Ah si ma ptit’ dame, c’est comme l’univers : il n’existerait pas s’il n’y avait personne pour l’observer.

C’est peut-être aussi le cas de Kévin : il a plus de chance d’être perçu avec un masque d’Anonymous sur le visage que sans ?

J’ai peut-être plus de chance d’être perçu avec ce billet, que sans.

C’est peut-être pour cela que cette photo m’attire : à cause de ce qu’elle renvoie de moi-même.

Le fantasme d’un héro solitaire face à un monde qui brûle et qui est obligé de se masquer pour être identifié…

Magnifique.

Complètement débile dans le fond, mais magnifique sur la forme.

Guy Fawkes, qui a inspiré ce masque des Anonymous, était avant tout une figure de trahison de la Conspiration des poudres, qui visait à faire sauter le parlement britannique en 1605. Symbole de la traîtrise au 17ème siècle, il est devenu un symbole de la protestation au 21ème siècle. (Source National Geographic)

Mais à visage découvert.

Sans se cacher.

Sans avoir peur de perdre ses petits avantages.

Hé bien voilà, c’est pour cela que cette photo me plaît autant qu’elle m’agace !

Parce qu’elle me met sous le nez l’image possible du révolté que je pourrais être, celui qui n’accepterait plus cette société de l’apparence, tout autant que l’image de celui qui justifie cette même société tant il a peur de perdre ses acquis et son confort.

Waouh…Ré-vo-lu-tio-nnaire !

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